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couverture de livre

Mes fantômes et moi - Gabriel Byrne

Avatar Un coup de cœur de Christine

« Que de fois j’y suis retourné en rêve, sur cette colline. C’est toujours l’été, et je contemple les champs dorés et verts, les fossés débordant d’aubépines et de lilas, la rivière étincelant au soleil comme une lame.
Dans ma jeunesse, je trouvais refuge en ce lieu, et son souvenir ancré au fond de mon âme m’a toujours été un réconfort par la suite. » 

Gabriel Byrne, acteur irlandais acclamé et respecté, qui a débuté à l’écran en 1981 dans Excalibur et que l’on a pu voir ensuite dans The Usual Suspects (1995), n’a jamais guéri de son enfance. Nous le comprenons dès les premières lignes de ses mémoires profondément sensibles. 

Ce n’est pas faire injure à Gabriel Byrne de dire que Mes fantômes et moi se lit comme un roman. De cinéma il est très peu question. Le temps qui passe, qui vous arrache lentement à l’enfance et à ceux que vous aimez, est au coeur du récit. Le titre original, Walking with the Ghosts, signifie marcher avec les fantômes. Ceux de l’auteur l’accompagnent à chaque pas qui le conduit vers la colline de sa jeunesse, dans la banlieue de Dublin. Gabriel Byrne est viscéralement irlandais, fils de cette Irlande qui se souvient encore d’avoir souffert de la famine et de s’être battue pour sa liberté. C’est toute une communauté de petites gens pauvres mais solidaires, débordant de vie, fiers de leurs traditions, qui renaît sous sa plume. Surtout, Mes fantômes et moi sont un hymne à la famille de Gabriel Byrne, à son père, tonnelier chez Guinness, à sa mère, infirmière à laquelle « même Maureen O’Hara », actrice irlandaise à la beauté légendaire, « n’arrive pas à la cheville », qui, malgré les difficultés de la vie, ne sont jamais pingres quand il s’agit de prodiguer de l’amour à leurs enfants. 

Les souvenirs de Gabriel Byrne ne sont pas tous heureux. Il est violé à douze ans par un prêtre. Malgré la colère qu’on sent poindre encore, c’est avec beaucoup de pudeur et de dignité que l’adulte évoque l’irrémédiable blessure faite à l’innocence de l’enfant. C’est la force de ce livre : le refus de s’apitoyer. L’élan de vie, la capacité de recréer une époque disparue à travers une écriture poétique font de Gabriel Byrne un véritable auteur.

Sabine Wespieser, 2022

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