Paris‑Briançon - Philippe Besson

En temps normal, le train de nuit Paris‑Briançon quitte la gare de Paris‑Austerlitz à 20h52 et arrive à Briançon à 8h18. Quand tout se passe bien... Dans le roman de Philippe Besson, le train part bien à l'heure et... on ne vous dira rien de l'arrivée. Dans ce train, embarquent une dizaine de voyageurs qu'a priori rien ne prédestinait à se rencontrer. Certains partent en vacances, d'autres sont là pour des raisons professionnelles ou personnelles. La lenteur du trajet, loin de l'urgence du TGV, favorise l'échange : des conversations se nouent, des relations éphémères se créent, des préjugés tombent (notamment entre le groupe de jeunes et le couple de sexagénaires), des révélations se font. La certitude de ne plus jamais se revoir force les confidences. Le roman zoome d'un voyageur à l'autre, d'une cabine à l'autre, et capte les histoires, les failles, les recoins de chacun. Et, ponctuellement, par petites touches, la prédiction qu'au bout de la nuit, tous ne seront plus vivants, sans que rien ne nous soit dévoilé de la menace qui pèse sur ces voyageurs.

Un beau roman plein d'émotion et de sensibilité, au suspense maîtrisé, qui nous rappelle la fragilité de la vie et l'importance de l'instant présent.

Le petit plus de cette lecture : on y découvre que les trains de nuit existent encore en France. Depuis Paris, ils nous emmènent, au choix, vers la Côte d'Azur, les Alpes ou les Pyrénées et la côte basque française. Un conseil : évitez de prendre ce livre comme lecture dans le train. Vous risquez de mal dormir